Les capsules du cotonnier ( Gossypium , famille des Malvacées ) renferment de nombreuses graines recouvertes de poils unicellulaires constituant le coton. Originaire semble-t-il des Indes, le cotonnier s'est répandu par migrations successives dans les zones chaudes du globe en se diversifiant: plante vivace naturellement, l'homme l'a transformé en plante annuelle. On en compte de quarante à cinquante espèces, dont quatre seulement sont cultivées pour les fibres..
Gossypium barbadense : originaire du Pérou, il s'est répandu en Amérique du Sud et aux Caraïbes. Introduit en Égypte vers 1850, il a donné naissance à la qualité "Jumel", du nom de l'ingénieur franco-suisse conseiller de Méhémet-Ali qui en développa la culture et qui est à l'origine de la place qu'occupe aujourd'hui l'Égypte sur le marché du coton. De cette espèce ont été tirées toutes les variétés modernes dites de "longue soie". Elles fournissent une fibre longue et fine pour la fabrication des cotonnades haut de gamme.
Gossypium hirsutum : originaire de l'Amérique centrale et du sud du Mexique, il fut introduit aux États-Unis vers 1800. Il a donné naissance au coton "Upland" dont dérivent toutes les variétés dites de "moyenne soie". Plus de 80 % de la production mondiale du coton sont fournis par cette espèce. Ce coton est utilisé pour la fabrication des articles de qualité courante.
Gossypium arboreum et
Gossypium herbaceum
:
associés aux civilisations indienne et arabe, ils ont eu un rôle historique très important mais tendent à disparaître à cause de la faible longueur de leurs fibres; ce sont des cotons "courte soie". Ils sont utilisés soit localement, soit pour des usages paratextiles, par exemple dans la ouaterie.

Culture et obtention de la fibre
L'
ensemencement varie avec les régions de culture, selon le régime climatique et les conditions d'irrigation du terrain. On dépose, à la machine, les graines en rangées distantes de 1,2 à 1,5 m dans de petits sillons de 5 à 10 centimètres de profondeur. Quinze jours après les semis, les feuilles sortent. Deux mois plus tard, l'arbuste atteint 0,80 m de hauteur et, au bout de trois à quatre mois, les fleurs apparaissent et ne durent que quelques jours. Les pétales se fanent tandis que l'ovule se développe très rapidement en forme de capsule. Dès la floraison, la fibre commence à apparaître à la surface de la graine. De quatorze à vingt jours sont suffisants pour qu'elle atteigne sa longueur maximale. Comme toutes les fibres poussant sur une même graine cessent de croître en même temps mais ne naissent pas au même moment, les fibres sont de maturité et de longueur inégales: en effet, au début, le poil est formé d'une mince paroi primaire de nature pecto-cellulosique dont l'épaisseur est d'environ 0,2 mm. Progressivement, il se forme un dépôt de couches cellulosiques secondaires. Cet épaississement de la paroi caractérise la maturité du coton qui régit l'affinité tinctoriale: c'est pourquoi, en filature, on mélange des cotons de maturités voisines.
L
a récolte doit avoir lieu aussitôt que les capsules sont ouvertes et ont séché au soleil, car dès ce moment les fibres sont exposées au vent, aux intempéries qui risquent d'affecter la qualité.
A
ux États-Unis, deux types de machines cueilleuses sont utilisées: les machines dépouilleuses ( cotton strippers ) et les machines à broches ( cotton pickers ). La récolte au moyen des strippers s'effectue après défoliage chimique par saupoudrage des plants avec du cyanure de calcium. Par ce traitement, le cotonnier cesse de croître et les capsules non encore mûres sèchent et éclatent sans se développer davantage. Il n'y a plus de dépôt de cellulose. On récolte ainsi un coton blanc alors que les fibres non mûres sont en général de teinte yellow-stained .
L
a récolte au moyen des pickers se fait par passes successives en partant du haut de la plante, puis en descendant progressivement au fur et à mesure de la maturation de la plante.
L
e coton est ensuite transporté aux usines d'égrenage. On sèche le "coton-graine" pour ne laisser que de 5 à 6 % d'eau: ainsi il se laisse plus facilement égrener. Suivant la longueur de soie, les fibres sont détachées de la graine soit par une égreneuse à scie ( saw-ginned ), soit par une égreneuse à rouleaux ( roller-ginned
).
À
la suite de l'égrenage, le coton se présente en masse très floconneuse; il faut donc le comprimer à l'aide de presses hydrauliques sous des pressions de l'ordre de 1 500 pascals.
Structure et composition

 
Tissu coton
vu au microscope

Du point de vue chimique, le coton est constitué essentiellement de cellulose ( de 88 à 94 % ), disposée dans la paroi secondaire en couches concentriques de fibrilles inclinées par rapport à l'axe de la fibre selon un angle variant de 5 à 25 degrés. Cette inclinaison influe sur l'ensemble des propriétés mécaniques de la fibre. Outre la cellulose, on trouve dans le coton des cires ( de 0,6 à 1 % ), des matières pectiques ( de 0,6 à 1,2 % ), des hémicelluloses ( de 2 à 4 % ), des protéines ( de 1 à 1,5 % ), des substances minérales ( de 0,6 à 1,5 % ) et de l'eau ( de 6 à 8 % ). Par ailleurs, le coton est naturellement coloré (beige, crème...). Ce colorant est gênant car instable à la lumière. Il devra être éliminé par un traitement de blanchiment (oxydant, soit à l'hypochlorite de sodium, soit au peroxyde d'hydrogène), en veillant à ne pas trop diminuer le degré de polymérisation (D.P.) du coton.
L
e coton se présente sous forme d'une fibre plus ou moins vrillée selon la maturité, avec une forme en section droite ressemblant à un haricot. Ce vrillement intervient dans le "crochet" (aptitude à l'accrochement des fibres en filature) du coton.
U
n traitement en solution concentrée ( 15 % ) d'hydroxyde de sodium, sous tension mécanique, et suivi d'un rinçage à l'eau modifie la morphologie et la structure cristallines du coton en lui conférant un aspect brillant ainsi qu'une amélioration de l'affinité tinctoriale: c'est l'opération du mercerisage inventée par l'Anglais John Mercer ( 1844 ). Mercerisé en fil, le coton est utilisé entre autres dans la fabrication des fils à coudre de qualité supérieure (fils dits d'Écosse) permettant la confection d'articles à l'aspect brillant.
Propriétés
L
e coton (presque la moitié de la production mondiale des fibres textiles) présente des propriétés permettant une grande variété d'emplois. Les propriétés mécaniques de la fibre se caractérisent par une charge spécifique de rupture moyenne de la fibre ( de 25 à 45 cN/tex ) qui augmente à l'état mouillé, son allongement à la rupture assez faible ( de 6 à 12 % ) et son module d'élasticité initial élevé. C'est une fibre relativement rigide et avec des comportements médiocres au point de vue de la froissabilité, auxquels on peut remédier par des apprêts permanents (wash and wear - laver et porter; iron care - repassage léger; permanent press - plissage permanent), mais avec des diminutions sensibles de solidité mécanique.