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Ci-contre, complexe industrielle pour laine:
Le lavage.
Le cardage.
Le séchage.
Le peignage ... Le mélangeage.
La préparation ... Le filage ... Le bobinage.


Parmi les poils d'animaux, la laine de mouton occupe une place de choix. C'est un filament kératinisé comprenant une partie libre, le "fût", se terminant en pointe, et une partie enfoncée dans le derme, la racine, comprise dans un sac, le follicule pileux ou bulbe, d'où pousse le poil.Ce follicule présente un cycle évolutif saisonnier permettant un renouvellement du pelage. Le nombre, le caractère, la disposition des follicules déterminent la nature des poils et la structure du pelage.
D'une façon générale, les toisons comportent deux parties: l'une externe, constituée de longs poils destinés à protéger l'animal contre les intempéries, et l'autre, interne, constituant la fourrure proprement dite, le duvet très fin, frisé, servant d'isolant contre la chaleur et la lumière. L'importance relative de ces deux parties varie selon l'espèce animale et même selon la saison (poil d'été, poil d'hiver, mues...). Pour les moutons, et notamment le mérinos, qui est à la base des élevages pour l'obtention de la laine, il n'y a que la partie interne; la toison de l'agneau nouveau-né rappelant celle du mouflon.
A
u voisinage immédiat des follicules se trouvent d'une part des glandes sudoripares qui sécrètent le suint, constitué d'acides gras et de leurs savons de potassium qui les rendent solubles dans l'eau, et, d'autre part, des glandes sébacées produisant la suintine, composée de corps gras (lanoline), insoluble dans l'eau.
O
utre ces constituants (fibres avec suint et suintine), la toison est souillée de matières étrangères: sable, terre, débris végétaux et autres. Pour une première élimination avant la tonte, les moutons sont lavés à dos. Après la tonte, les toisons sont lavées industriellement soit par passage dans une succession de bains aqueux avec détergents (sur "léviathan"), soit par soumission à des jets aqueux ou de solvant. La laine lavée est séchée et ne contient plus que 0,5 % environ de corps gras et quelques résidus végétaux (chardons, etc.) à éliminer mécaniquement en filature.
L
a laine se présente généralement comme une fibre dont la section droite est quasi cylindrique. On a pris l'habitude d'appliquer le terme laine aux fibres dont le diamètre moyen est compris entre 15 et 17 mm (micromètres). Les laines les plus fines (mérinos) ont un diamètre compris entre 16 (cas exceptionnel) et 22 mm (micromètres). Les laines provenant des "croisés" (moutons européens croisés avec des mérinos) ont un diamètre moyen plus élevé. Un des caractères essentiels de la laine est la frisure, mesurée par le nombre d'ondes par centimètre. Elle varie en raison inverse du diamètre (de 120 ondulations par 10 cm pour les plus fines à 12 ondulations par 10 cm pour les plus grosses).
D
u point de vue anatomique, les fibres kératiniques sont constituées du cortex , corps du poil, avec éventuellement la moelle et le canal médulaire, continu ou discontinu (n'apparaissant que dans le cas où la laine a un diamètre moyen supérieur à 30 mm), et de la cuticule , extérieure.
L
e cortex est constitué d'un assemblage de cellules fusiformes. En 1953, les Japonais Horio et Kondo ont découvert que ces cellules peuvent être de deux types morphologiques différents, répartis, dans le cas des fibres frisées, en deux éléments séparés par un grossier plan diamétral: le paracortex et l'orthocortex. Doués de propriétés de gonflement différentes, ces deux éléments se comportent comme un bilame à l'origine de la frisure par croissance en ressort à boudin des fibres à structure bilatérale.
L
a cuticule est constituée en gros par des "écailles" de formes diverses. Pour la laine, elles sont apparentes et bien dessinées: leur structure est différente selon qu'elles sont accolées à l'orthocortex ou au paracortex. La cuticule est à l'origine des mouvements privilégiés dans un sens déterminé par la disposition des écailles à "rebrousse-poil et dans le sens du poil" qui permettent le feutrage.
L
a laine est constituée essentiellement de kératines, qui sont des substances de nature protéique. Les a-aminoacides H2N-CH(R)-COOH (R étant un radical hydrocarbure, alcool, acide, phénol, etc.) de la kératine sont au nombre d'une vingtaine dont notamment la cystine avec son pont disulfure.
L
es kératines constitutives des cellules corticales sont de deux types. Les unes, comportant des macromolécules hélicoïdales (hélices alpha, selon L. Pauling) assemblées entre elles comme les brins d'un retors, forment des microfibrilles. Les autres sont composées de macromolécules en pelote, comme les globulines; elles forment un ciment élastique qui unit les microfibrilles; elles renferment la majeure partie de la cystine, qui les lie entre elles et aux microfibrilles.
L
e taux de reprise de la laine est de l'ordre de 18 %, mais la laine peut absorber jusqu'à 30 % de sa masse en eau sans pour cela paraître mouillée. Les échanges thermiques avec le milieu extérieur et le corps humain sont liés à cette "reprise" d'humidité et déterminent les qualités de confort particulières des articles de laine: l'absorption d'eau est exothermique et la désorption endothermique.
G
râce à leur structure physique en rapport avec la frisure des fibres, les filés de laine emprisonnent un grand volume d'air (60 %) qui joue le rôle d'isolant thermique.
Les propriétés élastiques de la laine sont liées à la structure du cortex et à ses propriétés hygrométriques. La laine se caractérise par une "reprise élastique retardée" exceptionnelle qui fait qu'une fibre de laine, déformée dans un pli par exemple, revient lentement d'elle-même à sa forme initiale lorsque cesse la contrainte et qu'elle se trouve en atmosphère humide (autodéfroissabilité, mémoire de la forme).

L
e gonflement de la laine immergée dans l'eau fait ressortir davantage les redents des écailles de la cuticule. Ce gonflement est accentué par l'acidité ou la basicité du milieu aqueux ainsi que par un accroissement de la température; aussi, les sollicitations mécaniques dans ces conditions ont un effet de feutrage de l'article en laine d'autant plus important: cette propriété est exploitée pour l'obtention d'articles foulés; mais elle devient un inconvénient dans le cas d'un tricot qui en feutrant rétrécit au lavage! Cela a conduit à la mise au point de procédés antifeutrants, notamment par dépôts de polymère sur les extrémités des écailles pour en arrondir les redents.
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a laine résiste bien aux intempéries et brûle difficilement. Traitée aux aldéhydes, elle garde aux températures moyennes (jusqu'à 120°C) ses propriétés mécaniques, ce qui détermine certains emplois industriels (feutres de séchage en papeteries).
L
a laine doit son caractère irremplaçable: à la complexité de ses structures moléculaires fibrillaire et cuticulaire, qu'il serait difficile de parfaitement copier, bien que sa structure bilatérale ait inspiré la synthèse de fibres chimiques "bicomposées", comme la fibre X403 de Rhône-Poulenc Textile; à ses finesses et longueurs de fibres variables, en fonction desquelles elle est travaillée soit en cycle peigné, soit en cycle cardé, permettant d'obtenir une très large gamme d'articles.