Rouet pour lin, XIV siècle

Le lin appartient à la famille des Linacées ( Linum usitatissimum ). C'est une plante annuelle à racine pivotante dont la tige atteint de 0,60 à 1,20 m de hauteur pour un diamètre de 1 à 3 mm. Le lin textile est une culture septentrionale. En Europe, on le trouve en Russie, de loin le plus gros pays producteur, en Pologne, en Belgique et en France.
L
e lin se sème à la fin de mars ou au début d'avril, en lignes, car cette méthode permet, même par temps sec, une levée homogène et complète. La plante apparaît de huit à quinze jours plus tard. L'évolution de la plante est d'un centimètre par jour environ. La maturité recherchée se situe environ cinq semaines après la floraison. Elle se caractérise par un jaunissement complet de la tige. Le lin est ensuite soit coupé soit arraché; on récupère la matière textile qui se trouve dans la tige même de la plante sous forme de faisceaux qui sont la fibre technique. Cela requiert deux opérations:

- LE ROUISSAGE par l'action de bactéries ou de moisissures qui élimine les ciments liant la zone fibreuse à la zone ligneuse: l'action biologique ( enzymatique ) de cette fermentation élimine progressivement les matières sacchariques, pectiques et hémicellulosiques; après rouissage, les tiges rouies sont séchées, puis broyées mécaniquement pour libérer les fibres;
- LE TEILLAGE pour extraire les longues fibres (filasses), les fibres courtes (étoupes) et les déchets ligneux (anas).
Après teillage, les fibres ont la composition ( anhydre ) suivante: cellulose 72 %, pectine 6 %, cires et graisses 2 %, lignine 3 %, hémicellulose 17 %. Les opérations de "crémage" et de blanchiment permettent d'éliminer en partie les matières non cellulosiques. Selon le blanchiment plus ou moins poussé, la "freinte" (pertes au blanchiment) est plus ou moins importante; les appellations connues telles que "lessivé", "crémé", "1/4 blanc", "1/2 blanc", "grand blanc" dépendent du degré de blanchiment; s'il est effectué dans de mauvaises conditions, il dégrade la cellulose et donc diminue la durée de vie du tissu. La mesure du D.P. ( degré de polymérisation ) permet de mettre en évidence cette dégradation.

L
a cellule élémentaire ( ou "fibre ultime" ) de lin apparaît comme un cylindre imparfait polygonal, généralement à six côtés, comportant des stries concentriques et un lumen. En vue longitudinale et examinée en lumière polarisée, la cellule présente un système de fissures transversales très caractéristiques en forme de croix. La cellulose constitutive des quelque trois à six couches secondaires est répartie en fibrilles de faible longueur orientées parallèlement à l'axe de la cellule.
C
ette architecture fibrillaire confère à la fibre une haute ténacité ( de 55 à 60 cN/tex ) et un très fort module initial alliés à un faible allongement à la rupture ( de 1 à 2 % ). À l'état mouillé, cependant, la ténacité augmente - comme pour le coton - tandis que le module initial devient plus faible; l'allongement à la rupture augmente aussi.
D
e telles caractéristiques font du lin une matière destinée aux emplois pour lesquels on recherche une bonne résistance dynamométrique: draps de lit, linge de table, bâches, stores, etc., mais le lin a une mauvaise tenue à la pliure.
A
ctuellement, des articles textiles d'été sont faits en mélangeant les fibres de lin avec des fibres synthétiques: le lin apporte aussi son taux de reprise en eau ( 12 % ), ce qui confère à l'ensemble des qualités de sorption ( ensemble des qualités d'absorption et de désorption d'eau ) qui manquent aux textiles constitués uniquement de fibres synthétiques.